Saint-Jean-Pied-de-Port
(en basque Donibane Garazi) est une commune française située dans le département des Pyrénées-Atlantiques, en région Nouvelle-Aquitaine.
Ville située au confluent de la Nive et du Laurhibar, elle doit son nom à sa situation au pied du col (« port ») de Roncevaux (alt. 1 057 m), qui permet de passer au sud des Pyrénées. Ancienne capitale politique et administrative de la Basse-Navarre, elle est aujourd'hui un centre économique, culturel et sportif pour le Pays basque.
Le ville est également un centre touristique, accueillant chaque année environ 55 000 visiteurs ; nombreux sont ceux qui sont aussi des pèlerins du chemin de Saint-Jacques, dont la ville est une étape importante. En 2016, elle a été admise à rejoindre l’association des Plus Beaux Villages de France.
Le gentilé basque est Donibandar (ou Donibanegaraztar). Le gentilé français est Saint-Jeannais.
Histoire
Village de la Gaule Transalpine, sur le territoire des Tarbelli, il fut nommé "Imus Pyrenaeus" par les romains.
Fondation et développement au Moyen Âge
Il s'agit d'une « ville neuve » édifiée au xiie siècle. « La clef de mon royaume » dira deux siècles plus tard Charles le Mauvais qui, pour ses sujets, était « le Bon ». En se développant, la cité ravit sa primauté à Saint-Jean-le-Vieux et déplaça ainsi le trafic, de la route romaine par Urcullu au tracé par Roncevaux. Elle devient la capitale de l'une des cinq divisions du Royaume de Navarre : la Merinidad de Ultrapuertos (c'est-à-dire d'« Outre-cols », vu qu'elle est la seule située au-delà des Pyrénées du point de vue de la cour, basée à Pampelune).
L’un des premiers édifices de la ville fut l'église Sainte Eulalie, élevée au xiie siècle non loin du gué de la Nive; on peut encore voir son portail roman, bien conservé, sur la façade de la maison de retraite Toki Eder, dans le quartier Ugange. Sur la colline dominant la ville, se dressait le château de Mendiguren, dont il est fait mention dès 1191.
Au pied du château, Sanche VII le Fort, roi de Navarre (né en 1152, roi de 1172 à 1221), construisit au début du xiiie siècle une ville fortifiée, entourée de remparts aux portes ogivales, encore visibles de nos jours, ainsi qu'une église, incluse dans le système défensif de la place. Il fut l'un des principaux acteurs de la victoire remportée sur les Almohades en 1212, à Las Navas de Tolosa. Les chaînes représentées sur les armes de la Navarre en perpétuent le souvenir : elles évoquent la fameuse capture du trésor de l'émir.
En 1329, Philippe III de Navarre (1328-1343) lui accorde ses fors, chartes régissant le système administratif progressiste dont s'est dotée la Navarre au xie siècle : elle peut organiser en ses murs, foires et marchés, et devient un centre commercial important, étape obligée des voyageurs et des pèlerins de Compostelle sur la route de Pampelune.
Les rois de Navarre y font de fréquents séjours et, fait important, au xve siècle, l'évêque schismatique du pape d'Avignon y réside de 1383 à 1388, durant le schisme d'Occident, tandis que celui du pape de Rome régnait à Bayonne. (Jean Froissart s'étonna fort de voir les prélats des deux obédiences réunis à Orthez à la même table, celle de Gaston Fébus).
Renaissance et Époque moderne
En 1512, Ferdinand le Catholique enlève la Navarre à ses souverains légitimes, Jean et Catherine d'Albret, qui se réfugient en Béarn. L’armée espagnole franchit les Pyrénées et prend Saint-Jean en . Le duc d'Albe fait renforcer les défenses du château à partir de septembre.
Dès septembre, une armée française de secours permet à Jean III de Navarre de partir à la reconquête de la Navarre. Saint-Jean-Pied-de-Port devient un enjeu important dans le conflit. La ville passe d'une main à l'autre, non sans subir d'importants dommages.
Jean d'Albret assiège la ville avec 20 000 hommes en , sans réussir à la prendre. La garnison passe ensuite de 1 000 à 1 800 hommes, et la ville jure fidélité au roi d’Aragon.
En 1516, Jean d'Albret s’en empare, mais échoue à prendre la citadelle. Battu dans les défilés de Roncevaux, il meurt le .
Un nouveau siège est mis devant Saint-Jean-Pied-de-Port le par son fils Henri II de Navarre, qui prend ville et château le 15, grâce à l’aide d’une armée française. Mais celle-ci est battue à Noain le . Le duc d’Albe fait reprendre la ville, et la garnison périt après un siège de trois semaines. Les Espagnols évacuent la garnison en 1522, avant de reprendre la ville en janvier 1524 lors de l’invasion du sud de la France. Le bâtard d’Albret reprend à nouveau la ville en 1527 pour le roi de Navarre, qui ne la conserve que quelques mois.
En 1530, Charles Quint abandonne aux Foix-Albret-Navarre cette ville qui lui semble trop coûteuse à conserver, et en détruit le château. La partie nord de la Navarre devient alors la Basse-Navarre par opposition à la Haute-Navarre. C'est pourquoi Henri IV, lorsqu’il accède au trône, se fait appeler roi de France et de Navarre, titre que ses successeurs portent jusqu’à Charles X.
Durant les guerres de religion, des incidents éclatent entre protestants et catholiques. L’interdiction du culte catholique par Jeanne d’Albret en 1567 provoque la formation d’une ligue en septembre, puis un soulèvement en . Refuge des catholiques, la ville est prise par Montgomery le jeudi des Cendres 1570. Deux églises de la ville sont incendiées. Lorsque les catholiques se soulèvent à nouveau, Henri III, à quinze ans, les bat et les refoule en Espagne, avant de promettre à Saint-Jean de ne pas imposer le culte protestant.
Révolution française
En mars 1789, réunis à Saint-Jean-Pied-de-Port, les États de Navarre, considérant que la Navarre n’est pas une simple province française, refusent d’envoyer des députés aux États généraux. Lors d'une session en juin, ils envoient néanmoins quatre députés, aux mandats très stricts, dont le respect de leurs fors. Cela reste vain : leurs privilèges sont abolis dans la nuit du . La Basse-Navarre, avec les deux autres provinces du Pays basque nord, est rattachée au Béarn pour former le département des Basses-Pyrénées.
La loi du , qui détermina un nouveau paysage administratif de la France en créant des départements et des districts, décida de la naissance du département des Basses-Pyrénées en réunissant le Béarn, les terres gasconnes de Bayonne et de Bidache, et les trois provinces basques françaises. Pour ces dernières, trois districts furent créés : Mauléon, Saint-Palais et Ustaritz, qui remplaça le bailliage du Labourd. Le siège d'Ustaritz fut transféré presque immédiatement à Bayonne. Son Directoire incita un grand nombre de municipalités à adopter de nouveaux noms conformes à l'esprit de la Révolution. Ainsi Saint-Jean-Pied-de-Port s'appela Nive-Franche, Ustaritz devint Marat-sur-Nive (d’après Marat), Itxassou Union, Arbonne Constante, Saint-Étienne-de-Baïgorry Thermopyles (d’après la bataille des Thermopyles), Saint-Palais Mont-Bidouze, Louhossoa Montagne-sur-Nive, Saint-Jean-de-Luz Chauvin-Dragon, Ainhoa Mendiarte et Souraïde Mendialde.
En 1790, le canton de Saint-Jean-Pied-de-Port comprenait les communes actuelles à l'exception d'Ainhice-Mongelos et dépendait du district de Saint-Palais.
Les guerres de la Révolution et de l'Empire épargnent la ville. Cependant en 1793, début de la guerre entre la Convention et l'Espagne, la place forte, rebaptisée Nive-Franche, joue un rôle important dans la défense du territoire, notamment avec les chasseurs basques.
En 1813, la contre-attaque des armées napoléoniennes commandées par Soult pour tenter de délivrer Pampelune, assiégée par Wellington et ses alliés, part de Saint-Jean-Pied-de-Port. Elle se solde par un échec, la France est envahie. Le général espagnol Mina est chargé de faire le siège à distance de la ville qui ne se rend qu'à Louis XVIII, après l'abdication de Napoléon Ier.
Le chemin de fer qui arrive en 1889, désenclave la cité mais ne parvient pas à enrayer l'inexorable déclin démographique des xixe et xxe siècles.