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Saint-Émilion

 

Saint-Émilion (En gascon : Sent Milion) est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département de la Gironde en région Nouvelle-Aquitaine. Ses habitants sont appelés les Saint-Émilionnais.
Au cœur du pays du libournais, dans une région de collines viticoles, cette cité médiévale de 1 874 habitants (en 2017) est campée sur une éminence chatte et est située au carrefour du Bordelais, de la Saintonge et du Périgord.


Site touristique de premier plan — 1 000 000 personnes en moyenne la visitent chaque année — elle possède une importante parure monumentale (ermitage, église monolithe, église collégiale, palais des archevêques, immeubles cossus et restes de fortifications) qui se décline au gré de ruelles tortueuses (appelées « tertres ») et de placettes ombragées, et jouit de la renommée de son patrimoine œnologique (vignoble de Saint-Emilion) et gastronomique (macaron, pâtés, foie gras).
Plusieurs manifestations s'y déroulent chaque année dont Philosophia, événement tout public autour de la philosophie créé en 2007 par le metteur en scène et scénographe, Eric Le Collen, s'inspirant du  festival de philosophie de Modène.


La cité médiévale (et sa « juridiction ») est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l'Unesco depuis 1999. Elle constitue « l’exemple remarquable d'un paysage viticole historique qui a survécu intact » et « illustre de manière exceptionnelle la culture intensive de la vigne à vin dans une région délimitée avec précision » (critères d’inscription retenus par l’Unesco en décembre 1999 dans la catégorie Paysages culturels).

 

Géographie

         

Saint-Émilion, le village (2018)(photo de droite, vue de la Tour du Roi).

Le village est situé sur les coteaux entre la Dordogne et l'Isle et entre Libourne et Castillon La Bataille.
Entre vignes et cours d’eau, le long de coteaux boisés et de routes pittoresques, la juridiction de Saint-Émilion s’étire sur 75 km2 autour d’une cité médiévale particulièrement bien préservée. C’est un ensemble de huit villages organisés et unis dès le Moyen Âge autour de la commune libre de Saint-Émilion. Son étendue géographique d’environ 7 846 ha correspond à l'actuelle aire des appellations viticoles saint-émilion et saint-émilion grand cru, regroupant près de 800 propriétés (« châteaux ») viticoles.


Les terroirs se répartissent en cinq grands ensembles imbriqués les uns dans les autres. Au centre de l’aire d’appellation se trouve un plateau calcaire et argilo-calcaire où, en de nombreux endroits, la roche n’est recouverte que d’une fine couche de terre. La côte, largement plantée en vignes malgré la pente, et le pied de côte, plus argileux. La vallée qui s’étend jusqu’à la Dordogne, constituée de sols sablo-limoneux et sablo-graveleux. Enfin, le glacis sableux qui recouvre le nord-ouest de la zone d’appellation se termine vers les graves de Pomerol par une soixantaine d’hectares de terrain graveleux.
C'est dans la commune que se trouve le « zéro » du système de coordonnées géographiques suisse.

 

Histoire


La place principale vue de l'église monolithe


Le site présente des traces d’occupation dès 35000 avant notre ère. Une villa gallo-romaine a également existé en bas du coteau destinant le site à la culture de la vigne et plus généralement, certains sources mentionnent un oppidum gaulois. En attestent divers éléments de mosaïques découverts au lieu-dit Le Palat.
Au VIIIe siècle, un moine breton natif de Vannes nommé Émilion choisit comme lieu de retraite Ascumbas (ancien nom du site de Saint-Émilion). Cet homme, remarqué pour sa charité, quitta sa famille et sa Bretagne natale pour s'enfermer dans un cloître, suivant la direction vers l'Espagne. La fatigue l'obligea de s'arrêter à Saujon, dans un monastère de l'Ordre de Saint Benoît, où il exerça comme boulanger. Poursuivant son idée de vivre dans la plus profonde solitude, Émilion quitta le monastère et vint se fixer dans la forêt de Cumbis. Il s'installa dans une falaise où il creusa un ermitage troglodyte. Ce fut autour de l'Ermitage de Saint-Emilion que se groupèrent les premières masures.
Article détaillé : Émilion de Combes.


Son nom fut donné en Côtes d’armor à l'église édifiée au XVe siècle à Loguivy-Plougras (Plougras étant la commune mère, autrefois "Plou-Croas", la paroisse de la Croix, et Loguivy étant une trève en dépendant). Une statue de Sant Milion fut placée dans le cœur de cette église : aux pieds du moine trois gros pains ronds destinés aux pauvres (les "sacavins" du vignoble bordelais viennent parfois l'honorer lors de la fête patronale, mais ici c'est la rivière qui porte le nom de Saint-Emilion).
Économe au prieuré de Saujon, en Saintonge, remarqué pour sa grande vertu, Émilion finit par se retirer dans la forêt des Combes qui recouvre alors l’actuel site de Saint-Émilion.
Par ses miracles et sa générosité, sa renommée rayonna par-delà la vallée et de nombreux disciples le rejoignirent. Durant dix-sept ans, Émilion évangélisa la population, créant ainsi un site monastique qui prit son nom après sa mort. Une communauté de moines bénédictins géra l’accès à ce lieu de pèlerinage jusqu’en 1110, date à laquelle une réforme engagée par l’évêque de Bordeaux suite aux relâchements de la communauté permit l’installation d’un chapitre de chanoines augustins.
La ville se construisit au long du Moyen Âge et fut fermée par des remparts dès le début du XIIIe siècle. Elle passa entre les mains de Jean sans Terre, de Louis VIII, Philippe le Bel, et d'autres au cours des siècles. Ses privilèges particuliers furent également renouvelés à de nombreuses reprises jusqu'au XVe siècle après avoir été institués par Jean sans Terre en 1199 : Édouard Ier 1289, Édouard II 1312, Édouard III 1341 et 1357.


En novembre 1461, par ses lettres patentes le roi Louis XI confirma les privilèges octroyés par ses prédécesseurs, puis, en mai 1472 à la suite de la mort de son frère Charles de France, alors que le duché de Guyenne qu'il avait recréé pour lui revenait dans les possessions royales. Saint-Émilion fut pillée pendant les guerres de religion par les deux camps.
Le patrimoine religieux de la ville fut également en grande partie détruit pendant la Révolution (Chapître, Collégiale et couvents). Au cours de la période de la Convention nationale (1792-1795), la commune porta le nom révolutionnaire d'Émilion-la-Montagne.


La Jurade


La jurade de Saint-Émilion (2018)


La Jurade fut instaurée en même temps que la commune de Semelione en 1199 par Jean sans Terre, roi d’Angleterre. Ce dernier délégua ses pouvoirs économique, politique et judiciaire, à des notables et des magistrats afin de gérer l’administration générale de la cité. En échange de ces privilèges accordés, l’Angleterre put jouir du « privilège des vins de Saint-Émilion ». Ainsi la superficie du vignoble augmenta avec la notoriété des vins. Leur qualité était soumise au contrôle de la Jurade (par le sceau du vinettier) avant transport vers l’Angleterre depuis le port de Pierrefitte sur la Dordogne.
L’autorité de la Jurade perdura jusqu’à la Révolution française en 1789.
En 1948, les viticulteurs réunis au sein du syndicat viticole ressuscitèrent la Jurade sous la forme d’une confrérie, qui devint alors l’ambassadrice des vins de Saint-Émilion à travers le monde, avec pour ambition de garantir l’authenticité et la qualité de ses vins.
La Jurade est ainsi porteuse de la notoriété des appellations, et organise chaque année la Fête de Printemps en juin et le Ban des vendanges en septembre.
Lors de ces manifestations, les membres de la Jurade défilent dans la cité, vêtus de la robe rouge traditionnelle, rappelant la toute-puissante Jurade des siècles passés. En juin comme en septembre, après avoir assisté à la messe, les jurats se rendent dans le cloître de l’église collégiale ou dans l’église monolithe pour procéder aux intronisations. Puis, après le déjeuner, ils se rendent en procession à la Tour du Roy, du sommet de laquelle ils proclament solennellement le ban des vendanges ou En juin, la Jurade procèdent au Jugement du vin nouveau, destiné à en prédire les qualités (celui tiré de la récolte précédente). La Jurade est devenue l’emblème de la viticulture saint-émilionnaise.
Elle est composée de 54 jurats, elle est administrée par le conseil de la jurade qui compte 12 membres dont le 1er jurat, le clerc, le grand argentier, le grand vinetier, le marguillier (maître de cérémonie).

 

Économie


Saint-Émilion est fortement marquée par l’activité agricole, et plus particulièrement viticole. Le poids de ce secteur est au-dessus de la moyenne de l’arrondissement du Libournais : il atteint 62 % contre 39 % à l’échelle du Libournais. Le secteur de la construction représente une part assez faible de l'activité économique (2,6 % pour l’ensemble de la juridiction) ce qui freine l’installation des activités autres que celles liées au secteur agricole ou aux secteurs du tourisme et du négoce qui lui sont associés.
C’est de la diversité des terroirs que naît la diversité des vins de Saint-Émilion. Sur l’ensemble des huit communes de l’appellation, ce sont près de 5 200 hectares de vignes qui produisent chaque année le précieux nectar.
Les cépages utilisés en 1784 étaient au nombre de 34 pour les noirs et 29 pour les blancs. Aujourd’hui 3 cépages, bien connus, sont à l’honneur : le merlot, qui prédomine dans 60 à 70 % de la production, le cabernet franc et le cabernet sauvignon, tous trois destinés, en assemblage, à la production des vins rouges.

 

Culture locale et patrimoine

Lieux et monuments

Les monuments de la cité témoignent de cette vie spirituelle, commerçante et viticole riche dans et en dehors de la cité. Les ruelles escarpées (appelées tertres ou escalettes) permettent de découvrir un village étalé en forme d’amphithéâtre sur le versant sud du plateau calcaire ; de celui-ci furent extraites toutes les pierres ayant servi à la construction des maisons, remparts, églises et monastères au long des siècles. La partie souterraine du village présente autant de témoignages du passé que sa partie construite, en particulier l’église monolithe.


Critère III : « La juridiction de Saint-Émilion est un exemple remarquable d’un paysage viticole historique qui a survécu intact et est en activité de nos jours ».

Critère IV : « La juridiction de Saint-Émilion illustre de manière exceptionnelle la culture intensive de la vigne à vin dans une région délimitée avec précision ».

Depuis le 4 octobre 2007, une zone de protection du patrimoine architectural et urbain et paysager (ZPPAUP) (Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysage) l’ensemble du territoire afin de conserver au mieux l’unité architecturale et paysagère de la juridiction.

            

 Hôtel de Ville                                                                            Eglise Monolithe                              La chapelle de la Trinité

 

           

 La tour du Roi                                     Les vignes de St Emilion                    Le Cloître

 

     

 Une ruelle St Emilion                           Vue depuis l'église Monolithe

 

                  Saint Emilion

 

 Personnalités liées à la commune